Retour à la mer

 

Un jour, je ne touchais plus terre et jʼai voulu mʼimmerger dans une rivière. Plus tard, jʼai rencontré la mort et jʼai voulu devenir une baleine.

 

Le Retour à la Mer est une fiction au sein de NAGE, celle des hommes qui comme l'ont fait les ancêtres des mamifères marins retournent vivre dans l'eau. 

Partir par la mer et ne jamais revenir, comme pour muter en une nouvelle espèce, répondre au réchauffement climatique et à la dureté de la vie terrestre.

 

Aujourdʼhui, je pense que le projet du « Retour à la mer » est porteur dʼune image de mort et quʼil est pris entre deux analogies.

Pascal Quignard parle des Nuits comme les espaces invisibles que nous transportons et contenons. Il y a la Nuit de lʼavant, le coït parental et les neuf mois utérins, la Nuit de lʼaprès cʼest à dire la mort et la troisième Nuit qui est le corps lui même. Ces Nuits sont des foyers de productions artistiques et langagières, elles sont des images que nous ne voyons pas, au risque de chaos intérieurs.

 

Je ne connais pas la première Nuit mais depuis ma rencontre avec la paléo-anthroplogie jʼai fait de lʼOrigine de lʼHomme une forme de quête. La troisième Nuit, celle du corps nʼa de cesse de me questionner du fait de ma pratique artistique qui se situe dans le champs chorégraphique. La deuxième Nuit est une image que jʼai vue et sur le laquelle je suis restée immobilisée, pétrifiée et avec laquelle je cherche de une mobilité par le langage.

Dans « Retour à la mer », par le délire de se plonger dans lʼhistoire de lʼhomme et des être marins, cʼest mon origine que jʼinvente ; en choisissant de mʼimmerger et dʼentrer dans lʼeau comme si je nʼen sortirai pas, cʼest lʼimage de ma mort que je rends dicible sans la communiquer. Je me sers de ce projet comme dʼune métaphore et souhaite lʼouvrir suffisamment pour quʼil supporte la projection dʼautres hommes et femmes en voie de transformation.

 

décembre 2013